Observatoire du Web : les noms de domaine des entreprises françaises

Observatoire du Web : les noms de domaine des entreprises françaises

Toute personne qui se lance dans l’entrepreneuriat sait à quel point le choix d’un nom de domaine peut se révéler complexe et laborieux. En identifier un libre, simple et proche du nom de la future société relève souvent de la quadrature du cercle. Dans une économie de plus en plus digitalisée, la démarche est de plus en plus souvent inversée : le choix du nom de la société est fait en fonction de la disponibilité d’un nom de domaine.

En analysant le nom de domaine des sociétés françaises (approximativement un million de sites Internet), l’agence Kernix, spécialisée dans le développement d’applications web et mobile, propose dans cette étude des tendances liées aux extensions de domaine (les fameux .com, .fr, etc.).

Les conclusions, nous l’espérons, permettront aux indécis d’orienter leur choix.

Quelques chiffres

Deux extensions couvrent 96% des noms de domaine des entreprises françaises : 63% pour le .fr et 33% pour le .com.

Les 4% de domaines restants se répartissent parmi 325 extensions.

  • 6 extensions disposent de plus de 1 000 représentants : .net, .org, .eu, .re, .io, .bzh
  • 18 extensions comptabilisent plus de 100 représentants (ex. .pro, .info, .paris, .co, .immo, etc.)
  • 76 extensions ont plus 10 représentants
  • 104 extensions sont représentées par un domaine unique (ex. .computer, .vip)

Deux typologies d’extensions peuvent être identifiées au sein de cette longue traîne :

  • les extensions locales (ex. .corsica, .alsace, .bzh, .re, .paris, .africa)
  • les extensions liées à une activité (ex. .agency, .studio, .consulting, .dental, .coop) ou à un secteur d’activité (ex. .ai, .digital, .aero, .ski, .immo, .vin, .travel, .golf)

Concernant ces extensions rares, il convient d’ailleurs d’être extrêmement prudent. Certaines d’entre elles appartiennent à des sociétés privées qui peuvent décider, une fois un certain seuil d’enregistrement atteint, d’augmenter leur prix de façon unilatérale et massive. L’extension .biz (avec plus de 300 domaines identifiés) a par exemple fait l’objet d’un litige au niveau de l’ICANN (organisme en charge de l’attribution des noms de domaine).

Avec le .fr (géré par l’Afnic, Association Française pour le Nommage Internet en Coopération) ou le .com (géré par Verisign, entreprise américaine qui est le registre officiel des noms de domaine en .com), aucun changement d’ampleur n’est à craindre.

Autre sujet de vigilance, l’extension .info extrêmement abordable fut massivement utilisée dans le cadre d’usages malveillants (ex. ferme de sites). Ce type d’extension se révèle par conséquent problématique par rapport au SPAM.

Conseil : Verrouiller les extensions populaires. Les domaines associés aux extensions les plus populaires (.fr / .com / .net) étant tout à fait abordables, nous conseillons vivement de les réserver pour éviter le cybersquatting par un concurrent ou tout autre maître-chanteur.

Au-delà de la maîtrise de son e-réputation, le fait de sécuriser ces domaines supplémentaires permettra par exemple de faciliter l’enregistrement à un cloud (ex. utilisation du .net pour souscrire à Office365 lorsque vous êtes déjà client chez Google Workspace) ou d’associer un domaine à un service SaaS spécifique (ex. avec le .io).

Focus sur les grandes entreprises

En analysant les noms de domaines associés aux ETI et Groupes français, nous pouvons identifier les tendances suivantes :

  • de nombreuses entreprises ont choisi d’acquérir leur propre extension de domaine, comme .schmidt, .cuisinella, .bnpparibas, .leclerc, .pictet, .fujitsu, .sncf. Le coût élevé, estimé à 227 000 $ (hors frais annuels de maintenance et d’administration), explique sans doute pourquoi cette stratégie reste relativement peu répandue
  • en pourcentage, les .fr sont moins représentés alors que les .com et .eu le sont plus : cela reflète la dimension internationale de la plupart de ces sociétés
  • près de 5% des noms de domaine intègrent le mot group(e). ex. xxx-groupe.com, group-xxx.com

Changements de nom

Bien qu’il s’agisse généralement d’une mauvaise idée, de nombreuses entreprises décident de changer de nom de domaine au cours de leur existence.

En 2024, nous avons détecté un peu plus de 3 000 changements de nom de domaine.

  • en conservant la même racine (cf. racine.extension), 367 domaines en .fr sont passés en .com alors que l’inverse (.com vers .fr) ne s’est produit que 163 fois.
  • la tendance est plutôt à supprimer les traits d’union dans un nom de domaine plutôt que d’en rajouter (ex. mon-nom-de-domaine.ext) : 135 suppressions contre 24 ajouts
  • les nouvelles extensions attirent : 209 changements pour passer d’une extension classique (.fr, .com, .net) à une extension moins répandue (en particulier .io, .pro, .paris, .co, .ai). L’inverse ne s’est produit que 48 fois (.bzh et .digital étant les extensions les plus « abandonnées »).
  • 2 fois plus de domaines délaissent le numéro du département (ex. eurogrue25.com qui devient eurogrue.com) que l’inverse (ex. ecoconstructfrance.fr qui devient ecoconstructfrance59.fr)

Conseil : Ne vous séparez jamais de vos anciens noms de domaine : de nombreux cybercriminels analysent en effet en permanence le web pour identifier des domaines « populaires » qui seraient remis sur le marché. Les cyber-squatteurs exploitent ces domaines, qui disposent de liens entrants, d’un trafic établi et d’un classement correct, pour y installer des sites malveillants tels que des plateformes de paris en ligne ou de pornographie. Les conséquences en termes d’image peuvent alors être graves.

Conclusion

Changer de nom de domaine après plusieurs années d’activité constitue un défi majeur pour une entreprise, avec des implications multiples :

  • Gestion des adresses e-mail : nécessité de migrer les boîtes email et de prévenir les contacts d’un éventuel changement.
  • Perte de trafic lié aux liens entrants : les redirections ne garantissent pas toujours une récupération totale de l’audience.
  • Impact sur le référencement naturel (SEO) : baisse temporaire ou durable de la visibilité dans les moteurs de recherche, due à la perte d’autorité et de classement.
  • Complexité technique : reconfiguration des services cloud, mise à jour des certificats SSL, et ajustements dans les systèmes IT existants.
  • Obsolescence du matériel imprimé : remplacement des supports print, comme les cartes de visite, les brochures, emballages, entraînant des coûts supplémentaires.
  • Renforcement des communications : nécessité d’informer les clients, partenaires et fournisseurs pour assurer une transition fluide.

Il est donc essentiel de choisir son nom de domaine en ayant pour objectif de ne jamais avoir à le changer. Chez Kernix, nous considérons que le .com est l’extension idéale car commune, adaptée à l’internationalisation, bon marché et fiable.

Un dernier conseil : pour acquérir vos noms de domaine, choisissez un service spécialisé tel que Gandi ou Namecheap. Il est en effet important de minimiser les frictions le jour où vous souhaitez changer d’hébergeur ou de cloud.

N’hésitez pas à lire ou relire notre observatoire du web des CMS.

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